Comment placer un stop-loss?

L’ investisseur en bourse se pose normalement ces questions un jour ou l’autre : comment placer un stop-loss ? Suis-je vraiment protégé en cas de baisse brutale ? Quel type de stop-loss utiliser ?

Nous allons essayer d’apporter des éléments de réponse à travers cet article.

Bonne lecture!

 

Un stop-loss, à quoi ça sert ?

Le stop-loss comme son nom l’indique est censé couper vos pertes en cas de retournement de marché. Je n’ai volontairement pas dit « baisse de marché » car un stop-loss peut aussi bien être utilisé lors de positions à l’achat que lors de positions de vente à découvert. La vente à découvert n’est pas possible dans le cadre du PEA. Pour simplifier,  nous ne l’évoquerons pas dans cet article, mais vous pourrez trouver des infos sur la VAD ici.

Un exemple :

Vous prenez une position à l’achat et vous positionnez un stop-loss 10 % en dessous de votre prix d’entrée. Cela sous-entend que vous considérez que le scénario que vous envisagiez n’est plus valide en dessous de ce niveau. Vous demandez donc à  votre courtier de vendre automatiquement si le cours de votre action franchit ce niveau à la baisse.

L’intérêt du stop-loss est donc en apparence de vous tranquilliser. Il vous évite de suivre en permanence l’évolution des cours du marché en coupant vos positions quand ça tourne mal.

J’ai bien dit en apparence car dans certains cas, le stop-loss ne se déclenche pas :

Dans le cas de gap baissier :

Il arrive de temps en temps qu’il y aie des trous de cotations (dits « gaps ») d’un jour à l’autre. Cela signifie qu’il y a un écart entre le cours de clôture de la veille et le cours d’ouverture du lendemain :

exemple de gap baissier en journalier :

exemple de gap baissier rendant inefficace le stop-loss

 

Dans ce cas (exemple ci-dessus), un stop-loss à plage de déclenchement positionné au niveau des flèches rouges n’aurait pas été déclenché à cause du gap baissier.

Le stop-loss n’est donc pas contrairement à ce que l’on pourrait croire l’arme absolue qui coupe toutes les positions quand ça se passe mal.

Autre cas possible :

Il n’y a pas de contre partie acheteuse. Pour vendre une action,  il faut qu’au moins un acheteur soit en accord avec votre prix de vente. Il peut arriver dans le cas d’actions peu liquides (peu de volume) que votre ordre ne soit pas exécuté ou partiellement parce qu’il n’y a pas suffisamment de contre partie acheteuse. C’est la même chose lors d’ordres d’achats. Vous devez donc faire attention à ce paramètre (volumes échangés) car il peut vous poser des soucis. Choisissez systématiquement des actions suffisamment liquides.

 

Quels sont les stop-loss les plus utilisés dans le cas de position à l’achat?

L’ordre à seuil de déclenchement :

Il se déclenche si le prix est inférieur à la valeur du stop.

  • Avantages : c’est le type de stop qui a le plus de chance d’être exécuté.
  • Inconvénients : dans le cas de gap baissier…le prix de vente peut être très, très bas.

L’ordre à plage de déclenchement :

Il permet de rajouter une plage dans laquelle l’ordre est déclenché. En dehors de cette plage, l’ordre n’est pas exécuté.

  • Avantages :  Il permet d’intervenir avec un peu plus de finesse.
  • Inconvénients : ce type d’ordre a moins de chance d’être exécuté que l’ordre à seuil de déclenchement dans certaines situations car plus exigeant.

Le stop suiveur :

  • Avantages : comme son nom l’indique, il suit automatiquement l’évolution des cours et clôture la position au moindre retournement.
  • Inconvénients : Il nécessite une tendance bien établie (pas adapté aux situations de range serré).

Le stop-loss mental :

C’est celui que je pratique et je suis loin d’être le seul!. Etant donné que mes entrées et sorties de position ne se font qu’à un rythme régulier, je n’utilise que le « stop mental » sur mes positions.

Les signaux mensuels propres à cette stratégie me suffisent à gérer mes entrées et sorties de position. Je n’ai normalement pas à intervenir en dehors de ces périodes.

La stratégie Mensuelle fonctionne également en positionnant des stop loss « réels ». J’en parlerai un peu plus loin.

 

Pourquoi placer un stop-loss ?

La question peut paraître bête et pourtant. La réponse est souvent : « pour couper mes pertes et ne pas perdre trop d’argent ». Elle est rarement : « parce que je considère que en deçà d’un certain seuil, le scénario ne se déroule pas comme envisagé et je dois couper ma position ».

Il y a une grande différence entre les 2 réponses. Dans le premier cas, le stop-loss est placé à l’instinct, au gré des émotions, sans suivre de plan ou stratégie.

Dans le second, il est réfléchi et fait partie intégrante d’une stratégie.

Imaginons que vous achetiez un titre en unité de temps Mensuel et que vous placiez un stop en unité de temps Journalière pour éviter que  « le stop soit trop loin ». Dans ce cas, vous aurez 80 % de chances que votre stop soit déclenché car trop près de son niveau d’achat. Au cours d’un mois les cours bougent beaucoup. Beaucoup plus qu’au cours d’une journée!

Il doit donc y avoir une vraie réflexion autour du positionnement du stop-loss sinon son effet peut être contre-productif.

 

Comment utiliser les stop-loss?

Tout dépend de la stratégie utilisée au départ. Il n’y a pas de règle passe partout qui dicte où et comment placer son stop-loss. Toutefois, quelques principes de base permettent de s’en tirer à bon compte.

La prise en compte du money-management :

Le money-management consiste à savoir à l’avance combien on est prêt à perdre avant de prendre une position.

Par exemple, vous avez 5 positions en portefeuille et vous ne souhaitez pas perdre plus de 2 % du montant global de votre portefeuille par ligne engagée. Souvent le mauvais réflexe est de dire : ok, je place le stop-loss à -10 % sur chacune des lignes pour limiter ma perte à -2 % du portefeuille (10 %/5=2 %). Sauf qu’en procédant ainsi, vous ignorez la raison spécifique qui a motivé votre choix pour telle ou telle valeur. Chacun de vos titres a certainement été choisi pour des raisons différentes et évolue de façon différente.

Il faut donc procéder différemment. Vous devez d’abord évaluer le niveau qui invalide le scénario de départ sur chaque titre, en lien avec votre stratégie. Ensuite, vous devez calibrer la position en fonction de l’éloignement du stop-loss afin de respecter votre règle des 2 %.

Vous aurez ainsi des stops positionnés par exemple à -20 %, -5 %, -10 % en fonction des lignes. Mais en jouant sur les tailles de position, vous pourrez faire en sorte que la perte par ligne ne dépasse pas le seuil fixé (2 % dans notre exemple). De fait, vos positions « respireront » mieux et ne seront pas coupées au moindre frémissement.

En résumé :

1- positionnez votre stop en fonction de votre stratégie (à quel niveau j’achète et à quel niveau je vends).

2- calibrez votre taille de position en fonction de la position de votre stop pour respecter votre perte maxi par ligne.

et non l’inverse !

 

Les stop-loss vous évitent-ils toujours de perdre de l’argent ?

Non !. Comme évoqué un peu plus haut, s’ils sont mal utilisés, ils peuvent au contraire plomber la performance d’un portefeuille sur le long terme. Dans certains cas, vous aurez pris la bonne décision au départ. Mais votre stop vous bloquera en cours de route s’il est positionné trop près!.

Si vous investissez en UT Mensuelle, vous devez prendre en compte les « bruits de marché » journaliers, non pas pour motiver vos prises de position, mais pour placer votre stop. Dans le cas contraire, vous risquez de vous faire sortir de position à cause d’une news quelconque qui ne remet pas en question l’évolution globale du titre sur lequel vous êtes investit ! Toujours rageant…

 

Placer un stop-loss, combien ça coûte ?

Si vous vous « amusez » à calculer le coût sur une année des stop-loss déclenchés sur votre compte et que vous le mettez en relation avec sa performance, vous risquez d’être surpris. La recette pour faire exploser la facture : Un petit portefeuille comprenant beaucoup trop de lignes, des stop-loss réglés au millimètre, et c’est la catastrophe en fin d’année!

De manière plus courante, dans un portefeuille optimisé, le coût annuel des ordres évolue entre 0,5 et 1%. Sur un an c’est dérisoire, mais sur le long terme, beaucoup moins!

 

Les stop-loss dans le cadre de la stratégie Mensuelle :

Le portefeuille test présenté ici sur le blog et auquel vous pouvez avoir accès si vous vous inscrivez ne comporte pas de stops. Rassurez-vous, il est tout à fait possible d’en rajouter. 

Les achats et ventes du portefeuille test ne se font qu’à des moments bien précis chaque mois, jamais en dehors de ces périodes. Malgré cela, la volatilité reste « raisonnable » sur les 23 ans testés. La raison ? Les cours se sont bien sûr retournés à maintes reprises au cours de la période testée. Mais cela ne s’est jamais produit du jour au lendemain. Une grande tendance haussière ou baissière met plusieurs mois à s’installer.

A l’occasion de cet article, j’ai donc testé la stratégie Mensuelle en rajoutant des stops « physiques », afin de mesurer leur incidence sur la performance et la volatilité du portefeuille.

Les règles du jeu pour simplifier les calculs sont les suivantes:

Le stop-loss pour le mois en cours est placé sous la clôture du mois M-1 (à -5, -10, -15, -20 ou -25%). Il est calé à la même distance sur chaque ligne, même si cela n’est pas optimal (évoqué plus haut), mais c’est plus simple.

Quand le stop-loss est touché, la ligne n’est pas réinvestie jusqu’au mois suivant.

La tendance qui se dégage est la suivante :

– Plus le stop est proche et moins la performance du portefeuille sur la durée testée (24 ans) est bonne, mais elle reste très correcte.

– Plus le stop est proche et plus la volatilité du portefeuille (pire mois constaté sur les 24 ans) est réduite.

– Un stop proche n’est pas forcément synonyme d’un faible drawdown : dans les périodes volatiles (range par exemple) , les stops s’ils sont proches se déclenchent systématiquement. Si la période dure, les pertes s’enchaînent et le drawdown du portefeuille se creuse.

– Plus le stop est proche et plus les ordres sont nombreux (donc plus de frais pour vous et plus d’argent dans les poches de votre broker !).

 

Conclusion :

Tout d’abord, quand vous placez un stop-loss, sachez que cela est loin d’être anodin car il a une incidence directe sur la performance de votre  portefeuille! Comme nous avons pu le voir, un stop mal placé peut même dans certains cas être contre-productif. Il vous permet donc de stopper les pertes instantanées, mais n’empêche pas toujours la baisse du portefeuille sur le long terme.

D’autre part, vous devez veiller à bien prendre en compte la volatilité naturelle des supports investis afin de ne pas vous faire sortir inutilement de position. Le positionnement du stop-loss doit faire partie intégrante de votre stratégie.

Enfin, comme toujours, écoutez-vous. Car pour être capable de tenir le cap sur le long terme, vous devez bien prendre en compte votre tolérance au risque et à la volatilité. Votre but doit toujours être de vous préserver émotionnellement en gardant un bon équilibre entre performance et tranquillité d’esprit!

Vous voulez tester la stratégie Mensuelle ? Inscrivez-vous !

A bientôt!

Laurent

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