Qui n’a pas rêvé de pouvoir anticiper les krachs boursiers ? C’est souvent l’objectif n°1 des investisseurs en bourse. S’il vous arrive de consulter des forums dédiés à la bourse, vous rencontrerez une foule de posts qui vous prouverons par A+B que le prochain krach boursier est pour cette année, voire pour demain !
Faut-il absolument anticiper les krachs boursiers pour s’en sortir en bourse ? Vaut-il mieux se focaliser sur les baisses ou sur les hausses?
Quelques éléments de réponse dans cet article.
Qu’est-ce qu’un krach boursier ?
Un krach boursier est un évènement rare, marquant. Vous avez certainement entendu parler des krachs boursiers de 1929, de 2000 ou 2008…
Il ne faut donc pas confondre krach boursier et correction de marché. Les corrections, qui se produisent beaucoup plus fréquemment, sont des moments de respiration du marché. Un peu comme quand vous montez un escalier : vous reprenez votre souffle sur les paliers prévus à cet effet. Ces petites baisses sont donc normales et saines.
Un krach boursier est provoqué par l’éclatement d’une bulle spéculative. Pour qu’il y aie krach, il faut qu’il y aie eu auparavant un excès haussier. Une accélération anormale des cours à la hausse, symptomatique de la formation avancée d’une bulle. Un krach n’est rien d’autre que la régulation d’un gros excès. Vu sous cet angle, c’est plutôt rassurant non ? 🙂
La violente baisse de 2020 peut-elle être considérée comme un krach boursier ? Pas forcément. Dans ce cas précis on peut plutôt parler de « choc de volatilité »lié à une situation imprévue (pandémie). La violence a été extrême, c’est vrai, mais le retour à la normale des cours a été très rapide aussi (quelques mois à peine)!
Les krachs de 1929, 2000 ou 2008 ont duré entre 2 et 3 ans et la reprise a été beaucoup plus longue à se mettre en place. Les krachs boursiers annoncent une crise économique voire une dépression.
Quelles conséquences à court et moyen terme ?
Vous trouverez ci-dessous à titre d’exemple l’ historique de l’indice Dow Jones, le plus vieil indice boursier du monde.
Graphe Dow Jones 1780-2020 (source wikipedia).
Premier constat : sur la période étudiée, les baisses les plus marquées durent maximum 3 ans. L’échelle écrase les cotations les plus récentes, mais vous pouvez voir que les baisses occasionnées par krachs de 1826, 1847, 1929, 2000, 2008…etc sont relativement courtes si l’on considère la période globale de 1780-2020.
A court terme (quelques mois), lors de ce type d’évènement, les cours peuvent dévisser de -50 à -80 %. Un investisseur court terme malchanceux peut donc se faire piéger par une baisse.
Quelles conséquences à long terme ?
Si on allonge la durée d’investissement à 20-25 ans et que l ‘on prend un peu plus de recul , on voit que malgré les périodes de baisse même les plus violentes, les chances de perdre sa mise de départ sont beaucoup moins importantes ! Imaginons le cas extrême d’un individu qui investit sur les marchés juste avant le krach de 1929 et qui laisse vivre son portefeuille (en restant très stoïque). Au bout de 25 ans, il finit par gagner de l’argent.
Vous avez peut-être l’expression « un indice ne meurt jamais contrairement aux actions qui le composent ». Le Dow Jones en est une parfaite illustration. Des titres qui le composaient jadis n’existent plus aujourd’hui, remplacés par ne nouveaux entrants, plus performants. Ce point est important, car il faut bien faire la différence entre l’évolution des indices boursiers, et l’évolution des actions prises au cas par cas.
Attention donc, si vous misez sur un titre en particulier, car vous aurez très peu de chance de le voir évoluer à la hausse sur une durée aussi importante !
Mais qu’est ce qui nous dit qu’un indice comme le Dow Jones continuera à évoluer à la hausse dans le futur, comme cela a été le cas depuis 200 ans ? Rien, bien évidemment, on pourrait très bien imaginer que d’autre indices prennent le relai (indice chinois ou autre… ). Dans ce cas il faudra s’adapter. Et si tout se met à baisser un jour ? Dans ce cas nous aurons autre chose à penser…
Mais le constat est que globalement, les marchés mondiaux composés de l’ensemble des valeurs boursières évoluent à la hausse depuis 200 ans.
Anticiper les krachs boursiers ?
Rappelez-vous de la citation de Peter Lynch :
« Plus d’argent a été perdu en bourse en essayant d’éviter les corrections, que pendant les corrections elles-mêmes »
Cette phrase doit faire écho avec ce qui vient d’être dit un peu plus haut. Bizarrement, plus vous chercherez à éviter les krachs et moins vous aurez de chance de vous en sortir en bourse ! Pourquoi ? Tout simplement parce que les marchés boursiers sont globalement haussiers sur le très long terme. Ce qui veut dire que pour anticiper les baisses, qui ne représentent qu’une petite fraction de temps, il faut très bien viser ! Dans ce cas vous prenez le risque de vendre trop tôt ou de vous retrouver à contre-sens.
Par ailleurs, chercher à anticiper les krachs boursiers est souvent synonyme de pessimisme. Si les marchés sont globalement haussiers depuis des décennies, et ce les 3/4 du temps pourquoi s’acharner à imaginer en permanence ou anticiper des baisses ?
Cela revient à vouloir gagner de l’argent sur un titre haussier en ne misant que sur les courtes périodes de baisse inclues dans la tendance haussière. Autrement dit jouer la contre tendance, ce qui est plutôt périlleux.
Cygne noir
Si la prédiction des krachs est impossible, j’entends là prévision du timing précis, il existe tout de même quelques signes potentiellement annonciateurs d’une grosse correction. Pour les amateurs, quelques exemples :
Un aspect technique :
Les montées violentes de cours, à la limite de la verticale : lorsqu’une accélération à la hausse est constatée et qu’elle est incluse dans une tendance haussière, cela signifie que l’on est en présence de la formation d’une bulle. Les comportements deviennent irrationnels. C’est ce qu’il s’est passé par exemple en 2000, juste avant le retournement des marchés. Lorsque les indices prennent plus de 15 % par mois, on n’est pas sur une hausse normale. Il faut donc s’attendre à un retour de bâton violent. Les marchés haussiers sains sont en général très stables, avec des hausses modérées et régulières qui peuvent durer. A partir du moment où l’accélération est trop violente, la hausse n’est plus tenable sur le long terme.
Un aspect médiatique :
Il y a très souvent un effet retard entre ce qui est annoncé par les médias et la réalité des marchés. Quand les médias ou les célébrités parlent d’un actif en particulier, en annonçant qu’il s’agit de l’affaire du siècle, c’est souvent qu’il est temps de vendre !
Un aspect fondamental :
Le dernier indice, un peu plus technique : il s’agit de la comparaison entre les taux d’intérêt court terme et long terme. En temps normal, les taux d’intérêt court terme sont inférieurs aux taux long terme. Historiquement, à chaque fois qu’il y a eu inversion de la courbe des taux, donc que les taux court terme ont été supérieurs aux taux long terme, il y a eu une grosse correction à postériori. Le problème est le à postériori. S’agit-il de quelques mois ou quelques trimestres? Aujourd’hui les banques centrales ont un rôle prépondérant, ce qui n’était pas le cas il y a quelques décennies. Est-ce que cet indice est toujours pertinent ?
Conclusion
Comme nous venons de le voir, le temps est l’allié de l’investisseur en bourse. Un investisseur qui mise sur le sur le long terme a statistiquement plus de chances de s’en sortir qu’un investisseur court terme. Ce simple fait explique à lui seul la difficulté de l’investissement en bourse puisque nous sommes naturellement impatients et concentrés sur le court terme !
Vouloir éviter les krachs boursiers est tout à fait naturel. Mais les krachs sont impossibles à prévoir précisément. Ils font partie de la vie des marchés et des investisseurs long terme. Etant donné que les marchés évoluent globalement à la hausse sur le long terme, il est finalement sur le papier « moins compliqué » de les subir que de chercher à les éviter à tout prix. Je vous l’accorde, la mise en pratique n’est pas aussi simple.
Bien évidemment, il est possible d’affiner cette approche très passive. Si vous êtes inscrit sur ce blog, vous avez pu constater qu’en faisant le minimum on pouvait sensiblement améliorer le confort émotionnel tout en préservant les performances !
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A bientôt
Laurent